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Thomas Alexandre Dumas (1762-1806)
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Biographie :
Né esclave sur l’île de Saint-Domingue, fils d’un marquis normand et de sa domestique, Thomas-Alexandre Davy de la Pailleterie a inspiré à son fils, illustre dramaturge et romancier, la plupart des personnages du Comte de Monte-Cristo et des Trois mousquetaires. Le Général Dumas connaît en effet un destin singulier. Débarqué en métropole en 1776 est reconnu fils légitime du marquis de La Pailleterie, le jeune comte est envoyé à Paris à l’académie du maître d’armes du roi, Nicolas Texier de La Boëssière, comme tous les jeunes gens de qualité destiné à une carrière d’officier. C’est pourtant comme simple cavalier qu’il s’engage chez les Dragons de la Reine en 1786, suite à une dispute avec son géniteur, sous le nom d'Alexandre Dumas.
Pendant la Révolution, sa carrière militaire connait une ascension fulgurante. Dès 1793, ses qualités exceptionnelles au combat et au commandement lui valent d’être nommé général de division à la tête de dix mille hommes, faisant de lui le premier général afro-antillais de l’armée française. Il se distingue régulièrement dans ses missions par une efficacité rare mais aussi un excès de sensibilité perçue sous la Terreur comme une résistance à l’esprit révolutionnaire. On l’affuble alors du surnom ironique de « Monsieur de l’Humanité ».
En Italie ses exploits forcent le respect, Napoléon le surnomme « Horatius Coclès du Tyrol » tandis que les Autrichiens, vaincus et médusés, maudissent « le Diable noir ».
Gouverneur de Trévise et de Polésine au cours de l’année 1797, il rétablit l’ordre et la paix dans la province :
« Dans un état bien nouveau pour nous de révolution, et dans une démocratie qui se développa avec la régénération d’Italie, nous avions le plus grand besoin de trouver, Citoyen Général, un Père, qui eût guidé nos pas et soutenu nos efforts, pour nous affermir dans l’état de cette liberté chérie que nous devons à la générosité des Français. Nous voilà sortis d’un esclavage bien affreux, et nous voilà sous la sauvegarde de votre justice, et de votre désintéressement. » Municipalité du canton d’Asolo, 29 mai 1797. Collection du Musée Alexandre Dumas.
Après le traité de Campo-Formio, il revient en France et s'embarque bientôt pour l'Égypte. Son nom est rarement cité dans les articles qui se rapportent à cette expédition, il y a pourtant joué un rôle majeur : c'est lui qui commandait la cavalerie à la bataille des Pyramides et qui a sauvé la situation au Caire. Il a également réprouvé la destruction de la Grande Mosquée ainsi que le massacre des rebelles, sur ordre de Bonaparte, après que ceux-ci se soient rendus. La rupture définitive intervient lorsque Bonaparte fait exécuter 4000 prisonniers après la prise de Jaffa en mars 1799. Le général demande alors un retour volontaire en France. « Les hommes de toutes les classes, qui purent apercevoir le général Bonaparte, furent frappés de sa petite taille et de sa maigreur. Celui de nos généraux dont l’extérieur les frappa davantage fut celui du général en chef de la cavalerie, Dumas ressemblant à un centaure, quand ils le virent franchir à cheval les tranchées pour aller racheter des prisonniers, ils croyaient tous qu’il était le chef de l’expédition » - baron Desgenettes, médecin-chef de l’expédition, Souvenirs de la fin du XVIIIe et du commencement du XIXe siècle, tome 3, Paris, Didot, 1836
Menacé de naufrage lors de son retour en Europe, il est relâché à Tarente, où le gouvernement de Naples le retient deux ans captif. Violemment maltraité, il est libéré grâce à la victoire de Marengo mais revient estropié de la jambe droite, sourd de l'oreille droite, paralysé de la joue gauche, son œil droit est presque perdu et il est atteint d'un ulcère à l'estomac qui, en 1806, lui sera fatal.
De retour en France, sous le Consulat, il est victime de l'épuration raciale de l'armée en réponse à l'insurrection de Saint-Domingue. Bonaparte le destitue de son grade de général de division, le met à la retraite et lui refuse toute pension et indemnités de captivité qui lui sont dus, de même qu'à sa veuve après son décès. Il ne sera pas cité dans Le Mémorial de Sainte-Hélène et restera ignoré de la plupart des historiens de l'Empire. Il ne fut jamais décoré de la Légion d'honneur, et l'Horatius Coclès français s’éteint à l’hôtel de l’Epée à Villers-Cotterêts, le 26 février 1806.
“Thomas Alexandre Dumas (1762-1806),” L'Armarium, consulté le 21 novembre 2024, https://armarium-hautsdefrance.fr/document/20656.
Nom et Prénom : Thomas Alexandre Dumas (1762-1806)
Date de naissance : 1762
Date de décès : 1806
Lieu de naissance : Saint-Domingue (République dominicaine)
Profession(s) : Général