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La fusillade du 1er mai 1891

Le 1er mai 1891 à Fourmies, une manifestation en faveur de la journée de 8 heures prend un tour dramatique. Au terme d’un jour de tension et de l’escalade entre les manifestants et l’armée, celle-ci fait feu sur la foule. La manifestation pacifique se transforme alors en tragédie au retentissement international. La fusillade de Fourmies, comme on l’appelle alors, suscite une forte émotion, déchaine les passions et la presse. Chaque camp politique s’en empare participant à créer un véritable mythe autour de cet évènement, parfois au mépris de la vérité.

 

Dans la deuxième partie du 19e siècle, le village de Fourmies voit sa population exploser avec le développement de l’industrie textile et plus particulièrement lainière. Les difficiles conditions de travail et de logement aboutissent à une situation sociale tendue où la population ouvrière souffre d’une pauvreté certaine. Presque 20% des habitants de Fourmies a eu recours aux rations alimentaire distribuées par les fourneaux économiques mis en place pendant l’hiver 1890-91. Pour les ouvriers, cette situation est d’autant plus difficile que le climat économique défavorable à l’industrie textile avait abouti à des diminutions progressives des salaires déjà peu élevés. Les industriels et la municipalité n’y répondent que sous l’angle de la charité chrétienne, sans apporter de solutions aux sources de ces problèmes.

 

Le Parti Ouvrier trouve là un terreau fertile où s’implanter en janvier 1891. Son appel à chômer le 1er mai constitue l’une des premières manifestations politiques d’opposition franche au patronat, très inquiet de voir émerger une mobilisation ouvrière chez des travailleurs auparavant dociles.

 

Comment ce 1er mai, placé sous le signe de la fête et des revendications pacifiques a-t-il donc pu se muer en une telle tragédie ? L’appel aux ouvriers lancé par le Parti Ouvrier met l’accent sur une journée de fête familiale. Toutefois, cet appel créé une forte inquiétude auprès des patrons de la société industrielle de Fourmies, qui voient en ce courant socialiste émergeant une véritable menace, comme lors de la réunion socialiste du 29 avril où un drapeau rouge est arboré. À l’annonce de la manifestation, la municipalité, dont une majorité des élus se compose d’industriels du textile, demande des renforts à la préfecture, qui envoie l’armée. À partir de ce moment, c’est l’escalade.

 

Le 1er mai, dès l’aube, une forte mobilisation ouvrière est constatée et les premiers heurts entre le cortège de manifestants et les gendarmes éclatent à la filature La Sans Pareille : quatre manifestants sont arrêtés et emprisonnés en mairie. Le cortège converge alors vers la Grand Place (ou place de la mairie). Hippolyte Culine, secrétaire du Parti Ouvrier, y tient alors un discours sur le parvis de l’église Saint-Pierre dans lequel il appelle au calme et demande la libération des prisonniers. Dans l’après-midi, l’armée prend position autour de la Mairie et tente de tenir en respect le cortège de manifestants de plus en plus échauffé. Autour de 18h30, après de nombreuses altercations, le commandant débordé ordonne de tirer sur la foule de manifestants. Les trois salves éclatent faisant neuf morts et plus de trente blessés.

 

Cet évènement au retentissement international fait la Une de la presse pendant plusieurs semaines, Unes qui mettent souvent en avant l’aspect tragique de la journée. Les reportages concernant la fusillade et de nombreuses chansons à caractère tragiques sont presque systématiquement colorées d’une idéologie politique qui détourne, voire arrange les faits à sa convenance.

 

L’évènement est le révélateur d’une réalité qui dépasse le territoire fourmisien. Comme le dira Clémenceau à la Chambre des Députés : « C’est le Quatrième État qui se lève et qui arrive à la conquête du pouvoir ». En 1891, Fourmies est entrée dans l’histoire du 1er mai.

Ecomusée de l'avesnois.

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